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L’Éveil du Vide

· Réflexions

L’Éveil du Vide

Le soleil traversait les rideaux de la chambre, dessinant des ombres sur les murs. Il ouvrit les yeux, un sourire flottant sur ses lèvres ; aujourd’hui, c’était leur jour de congé commun, il avait prévu un petit-déjeuner spécial, comme il aimait le faire, un rituel qui leur appartenait.

Mais quelque chose était différent, elle était assise sur le bord du lit, les mains jointes, les yeux rivés au sol, il sentit immédiatement que quelque chose n’allait pas.

— Tout va bien ? demanda-t-il en s’asseyant à côté d’elle.

Elle tourna la tête vers lui et son regard le transperça, ce n’était pas le regard d’une femme aimante, c’était froid et distant, il ne reconnaissait pas cette expression sur son visage.

— Je ne sais pas comment te dire ça, murmura-t-elle.

Son cœur s’accéléra.

— Me dire quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?

Elle prit une profonde inspiration, comme si chaque mot lui arrachait un morceau de son âme.

— Je ne t’aime plus… Ça fait longtemps que je ne ressens plus rien... Je veux qu’on se sépare.

Le temps sembla s’arrêter, les mots flottaient entre eux, lourds, irréels ; Il sentit un frisson parcourir son corps, c’était une blague, forcément, une blague de mauvais goût.

— Quoi ? Tu plaisantes, n’est-ce pas ? lâcha-t-il avec un rire nerveux… On a des projets. Tu te rappelles ? On devait partir au bord du lac cet été...

Elle secoua la tête, ses yeux brillants d’une tristesse qu’il ne comprenait pas.

— Non, je suis sérieuse, je ne ressens plus rien pour toi... Je suis désolée.

Il resta figé, comme si son cerveau refusait de traiter l’information, la femme qu’il aimait, qu’il avait toujours aimée, qu’il avait portée sur un piédestal, venait de détruire leur univers en quelques mots.

— Depuis... combien de temps ? demanda-t-il, la voix tremblante.

— Des mois... Peut-être des années, admit-elle en évitant son regard.

Des années ? Chaque instant qu’ils avaient partagé, chaque sourire qu’elle lui avait offert... tout cela n’était donc qu’un mensonge ? Son souffle devint court, ses pensées chaotiques.

— Mais je t’aime, moi. Je t’ai toujours aimée, je t’ai tout donné, tout ce que j’avais...

Sa voix se brisa, il chercha son regard, espérant y trouver une étincelle, un indice qu’elle mentait, qu’elle exagérait, mais il n’y avait rien, juste une distance insurmontable.

Elle se leva, hésitante.

— Je vais partir chez ma sœur pour quelques jours, dit-elle d’un ton neutre, comme si elle annonçait un simple déplacement.

Il voulait crier, la retenir, lui dire que tout cela pouvait être réparé, mais aucun mot ne sortit ; il resta là, assis sur le bord du lit, alors qu’elle rassemblait quelques affaires dans une valise.

Quand la porte claqua derrière elle, le silence l’écrasa, chaque recoin de leur maison lui rappelait sa présence : la tasse qu’elle utilisait, le plaid qu’elle préférait, les photos sur le mur, tout semblait lui hurler qu’elle avait été là... et qu’elle ne reviendrait pas.

Il se laissa tomber sur le sol, le visage entre les mains, les sanglots le prirent de court, violents, incontrôlables ; il avait tout fait pour elle, pourquoi cela n’avait-il pas suffi ?

Les jours suivants furent un mélange insupportable de vide et de confusion, il passait des heures à examiner leur relation, cherchant des signes qu’il aurait pu manquer. Était-ce cette fois où il était rentré tard du travail ? Ou cette dispute à propos de leurs vacances ? Tout lui semblait dérisoire comparé à la gravité de sa décision.

Les nuits étaient pires, le lit, trop grand et froid, devenait une prison, il fixait le plafond, les souvenirs défilant sans relâche ; leur premier rendez-vous, leurs fous rires, les moments de complicité. Comment ces instants si vivants pouvaient-ils être morts pour elle ? Il voulait comprendre, mais il réalisait peu à peu qu’il n’y aurait jamais de réponse satisfaisante.

Un matin, il trouva la force de sortir, le soleil brillait, mais il n’y prêtait pas attention, il marcha sans but, s’arrêtant devant une vitrine où un couple riait ensemble, ce qu’il voyait était trop douloureux à supporter, il détourna les yeux, le cœur lourd.

Ce fut en rentrant chez lui qu’il se rendit compte qu’il devait avancer, même si chaque pas lui semblait insurmontable, il commença par ouvrir les rideaux, ranger les affaires qu’elle avait laissées, chaque geste lui arrachait une nouvelle douleur, mais c’était nécessaire.

Un jour, alors qu’il rangeait, il trouva une lettre qu’elle lui avait écrite des années auparavant. Elle parlait d’un amour éternel, d’une vie qu’ils bâtiraient ensemble, il lut et relut ces mots, incapable de les jeter, mais il comprit qu’ils appartenaient à un autre temps, à une autre version d’eux.

Réflexion

La séparation est une cassure brutale, un vide qui avale tout sur son passage. Elle force à se tenir face à l’inexplicable, à la douleur d’un amour qui s’éteint sans crier gare. Elle fait naître des questions sans réponse et des regrets qui semblent parfois insurmontables.

Mais dans ce vide, il y a une lumière, timide, fragile. L’espace laissé par l’absence devient une invitation à se retrouver soi-même, à redéfinir ses contours et à reconstruire ce que l’autre avait occupé.

Les séparations sont des fins, oui, mais elles ouvrent aussi des portes ; elles rappellent que même les liens les plus profonds peuvent se dénouer, non pas par trahison, mais par l’usure silencieuse du temps... Et un jour, quand les larmes cesseront de couler, on se rend compte que la vie continue, et qu’un nouveau chapitre nous attend, même si on ne l’avait pas choisi.

Nadia B.

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