Maintenant...
Une simple seconde !
Il était 8h15 du matin, le ciel était clair,la ville encore un peu somnolente, mais déjà nerveuse. Les voitures s’étiraient sur la route comme un long serpent d’impatience et moi, je roulais sans hâte, dans
ce flot tendu qu’on appelle la routine matinale.
Devant moi, deux voitures, deux conductricesordinaires… deux vies pressées. L’une a voulu changer de voie, un geste banal, un de ceux qu’on fait cent fois sans y penser, mais l’autre était là, dans son angle mort et brusquement, un coup d’accélérateur, un réflexe, un crissement de pneus et tout a explosé.
Les vitres se sont baissées, les voix ontéclaté, les insultes ont fusé comme des pierres, les visages se sont déformés par la colère et les gestes ont pris la place des mots… tout est devenu bruit, rage et peut-être de la fierté blessée.
Autour, les klaxons se sont mis de la partie,comme une foule qui applaudit la folie. Et moi, j’ai regardé sans bouger, il y avait là quelque chose de triste, presque absurde, deux êtres humains qui auraient pu se blesser, ou pire, juste parce qu’aucune ne voulait céder… tout aurait pu s’arrêter là, sur un simple signe de main, un regard, un pardon mais non, l’égo est resté au volant.
J’ai senti une boule dans ma gorge, pas àcause de la colère, mais plutôt de lassitude. Parce qu’au fond, ce n’est jamais la situation qui détruit la paix, c’est la manière dont on la vit. On se bat pour prouver qu’on a raison, alors qu’on pourrait simplement choisir de rester humains.
Et ce matin-là, j’ai compris encore une foisque la vraie victoire, c’est celle du silence sur le vacarme, de la maîtrise sur l’orgueil. Et qu’au milieu de nos colères ordinaires, il existe toujours une seconde, une seule, où l’on peuttout changer. Une seconde pour respirer, pour sourire, pour tendre la main au lieu de serrer le poing. Et si cette seconde-là devenait une habitude, le monde aurait peut-être un autre visage.
Nadia B.